Le cheongsam : Définition, histoire et symbolisme

Le cheongsam, également connu sous le nom de qipao, est bien plus qu’une simple robe. C’est une icône culturelle, un symbole d’élégance et de sophistication qui a traversé les époques, évoluant au gré des changements sociaux et des influences de la mode. Sa silhouette distinctive, son col montant et ses fentes latérales sont immédiatement reconnaissables, mais la véritable définition de cette pièce emblématique est souvent sujette à interprétation, oscillant entre tradition séculaire et adaptations contemporaines. Pour saisir pleinement l’essence du cheongsam, il est impératif de plonger dans son histoire, ses caractéristiques stylistiques et sa signification culturelle profonde. Cet article se propose d’explorer cette définition complexe et nuancée, en démystifiant les idées reçues et en offrant une perspective détaillée sur l’un des vêtements les plus fascinants de l’histoire de la mode.

1. Qu’est-ce que le Cheongsam/Qipao ? Définitions Fondamentales

Le terme "cheongsam" est dérivé du cantonais "長衫" (chèuhngsāam), signifiant littéralement "robe longue". C’est le nom couramment utilisé à Hong Kong et dans les communautés chinoises d’outre-mer. Le terme "qipao", quant à lui, est la romanisation du mandarin "旗袍" (qípáo), qui se traduit par "robe des Bannières", en référence aux "Huit Bannières" mandchoues de la dynastie Qing. Bien que les deux termes désignent la même robe emblématique dans son incarnation moderne, ils reflètent des origines linguistiques et régionales différentes.

Fondamentalement, le cheongsam est une robe ajustée, d’une seule pièce, caractérisée par un col montant distinctif (souvent appelé "col Mao" ou "col mandarin"), des fentes latérales sur la jupe et une fermeture qui s’étend souvent en diagonale du cou à l’aisselle ou à la taille, ornée de brandebourgs ou de boutons grenouille. La coupe du cheongsam a évolué pour épouser les courbes féminines, marquant une rupture significative avec les vêtements traditionnels chinois plus amples. C’est cette combinaison d’éléments classiques et de coupe moderne qui confère au cheongsam son statut unique dans l’histoire de la mode.

2. Les Origines et l’Évolution Historique

La genèse du cheongsam est une fascinante histoire d’adaptation et de transformation. Ses racines remontent aux robes amples portées par le peuple mandchou, en particulier le changpao (长袍), un vêtement unisexe et pratique, adapté à la vie nomade des cavaliers. Avec l’avènement de la dynastie Qing (1644-1912), cette robe est devenue un vêtement de cour et s’est répandue dans toute la Chine.

Cependant, le cheongsam tel que nous le connaissons aujourd’hui n’a émergé qu’au début du XXe siècle, principalement à Shanghai dans les années 1920 et 1930. La chute de la dynastie Qing, l’émergence d’une nouvelle ère républicaine et l’influence croissante de la mode occidentale ont catalysé sa métamorphose. Les femmes chinoises, cherchant à s’émanciper et à adopter un style de vie plus moderne, ont commencé à adapter le changpao traditionnel. Les designers et les tailleurs de Shanghai ont progressivement affiné la silhouette, introduisant des coupes plus ajustées, des manches raccourcies et des fentes latérales, s’inspirant des robes occidentales tout en conservant les éléments chinois distinctifs comme le col montant et les brandebourgs.

La période des années 1930 et 1940 est souvent considérée comme l’âge d’or du cheongsam. Il est devenu le vêtement de prédilection des femmes des villes, symbolisant la modernité et le raffinement. Après 1949, son usage a décliné en Chine continentale en raison des politiques communistes, mais il a prospéré à Hong Kong et dans les communautés chinoises d’outre-mer, devenant un emblème de l’identité chinoise dans la diaspora. Son retour sur le devant de la scène dans les dernières décennies témoigne de sa résilience et de sa capacité à se réinventer.

3. Les Caractéristiques Stylistiques Essentielles

Le cheongsam est défini par un ensemble de caractéristiques stylistiques qui, lorsqu’elles sont combinées, créent sa forme iconique. La compréhension de ces éléments est cruciale pour apprécier sa singularité.

• Le Col Montant (Col Mao / Col Mandarin): C’est sans doute la caractéristique la plus reconnaissable. Il est rigide, étroit et se dresse verticalement autour du cou, conférant une allure digne et sophistiquée. Il n’y a pas de revers.
• Les Pattes de Boutonnage (Brandebourgs / Boutons Grenouille): Le cheongsam ne s’ouvre pas sur le devant comme une robe classique. Sa fermeture est généralement asymétrique, s’étendant du col le long de l’épaule, puis en diagonale à travers la poitrine jusqu’à l’aisselle ou vers la taille. Ces fermetures sont souvent ornées de boutons décoratifs noués à la main, appelés brandebourgs ou boutons grenouille, faits du même tissu que la robe.
• Les Fentes Latérales: Généralement présentes des deux côtés de la jupe, elles ont été initialement introduites pour permettre une plus grande liberté de mouvement. Leur hauteur varie considérablement, allant de discrètes à très audacieuses, ajoutant une touche d’élégance et de sensualité.
• La Coupe Ajustée: C’est l’élément qui a révolutionné le cheongsam par rapport à ses ancêtres plus amples. La robe est taillée pour épouser les courbes du corps féminin, mettant en valeur la silhouette sans être moulante. Cette coupe nécessite une confection minutieuse et souvent sur mesure.
• Les Tissus: Traditionnellement, les cheongsams étaient confectionnés dans des soies luxueuses comme le brocart, le satin ou le damas, souvent ornés de motifs chinois complexes (dragons, phénix, fleurs de pivoine, bambous). Cependant, des tissus comme le velours, le lin, le coton et même des mélanges modernes sont également utilisés pour des variantes plus contemporaines ou décontractées.

Ces éléments, bien que distincts, interagissent pour créer l’équilibre parfait entre tradition et modernité, fonctionnalité et esthétique, qui définit le cheongsam.

4. Cheongsam, Culture et Identité

Au-delà de ses attributs stylistiques, le cheongsam est un puissant véhicule de sens culturels et identitaires. Il a longtemps été perçu comme le symbole par excellence de la femme chinoise moderne, incarnant la grâce, la féminité et la sophistication. Sa popularité dans la mode et le cinéma, notamment à travers des films comme "In the Mood for Love" de Wong Kar-wai, a cimenté son statut d’icône mondiale.

Le cheongsam est un caméléon culturel. Il représente la tradition et l’héritage d’une civilisation millénaire, tout en étant le fruit d’une adaptation radicale aux influences occidentales. Cette dualité en fait un objet de fierté nationale pour certains, et un symbole d’exotisme ou de fantasme oriental pour d’autres. La perception du cheongsam varie considérablement entre la Chine continentale, Hong Kong, Taïwan et les diasporas, ainsi qu’entre l’Orient et l’Occident.

Il est crucial de se rappeler que, bien que luxueux et souvent associé aux occasions spéciales aujourd’hui, le cheongsam était autrefois un vêtement de tous les jours pour de nombreuses femmes urbaines dans les années 1930 et 1940. Cette transition de la tenue quotidienne à la tenue de cérémonie souligne son statut évolutif dans la conscience collective.

5. La Définition du Cheongsam à travers le Prisme de la Cheongsamologie

La "cheongsamologie" pourrait être définie comme l’étude approfondie et multidisciplinaire du cheongsam, englobant son histoire, sa sociologie, son esthétique, sa production et sa signification culturelle. Dans cette optique, la définition du cheongsam n’est jamais figée, mais plutôt un continuum dynamique. Pour une exploration rigoureuse et des ressources dédiées à cette étude, le site Cheongsamology.com offre une perspective précieuse sur la complexité de ce vêtement.

La cheongsamologie nous invite à regarder au-delà de la simple forme physique de la robe pour comprendre les forces culturelles, sociales et économiques qui l’ont façonnée et continuent de le faire. Elle examine comment la définition du cheongsam est influencée par:

• La production artisanale vs. industrielle: L’impact de la confection sur mesure traditionnelle versus la production de masse sur son essence.
• L’authenticité vs. l’adaptation: Jusqu’où un cheongsam peut-il être modifié (matières, coupe, longueur) tout en conservant son identité? Les cheongsams modernes avec des fermetures éclair ou des tissus non traditionnels sont-ils toujours des cheongsams?
• La globalisation et les influences extérieures: Comment les designers internationaux interprètent-ils le cheongsam, et comment ces interprétations sont-elles perçues par les cultures chinoises?
• Le genre et la sexualité: L’évolution de sa perception, passant d’un vêtement de libération à un symbole parfois sexualisé.

Une approche "cheongsamologique" nous pousse à considérer le cheongsam non pas comme une relique du passé, mais comme un sujet vivant, constamment redéfini par ceux qui le portent, le créent et l’étudient. Elle souligne que sa définition la plus complète embrasse cette fluidité et cette richesse narrative.

En fin de compte, la définition du cheongsam est une tapisserie tissée de fils historiques, esthétiques, sociologiques et identitaires.

Le cheongsam est bien plus qu’une simple pièce de tissu ; c’est une entité vivante, imprégnée d’histoire et de signification. Sa définition n’est pas statique, mais se déploie à travers ses origines mandchoues, sa réinvention révolutionnaire à Shanghai, et ses adaptations continues à l’ère moderne. Il est l’incarnation d’une élégance intemporelle, un symbole de la fusion entre tradition et modernité, et un puissant emblème de l’identité féminine chinoise à travers le monde. De sa silhouette ajustée à son col montant emblématique, chaque caractéristique du cheongsam raconte une partie de son histoire riche et complexe. Comprendre le cheongsam, c’est embrasser sa capacité à évoluer tout en conservant son âme distinctive, faisant de cette robe un véritable chef-d’œuvre de la mode et de la culture.